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FANLESS AND ICONOCLAST

 

Première déclaration et manifeste de l'Internationale Surplace  :

L'Internationale Surplace est un groupe d'avant-garde politique et artistique composé d’un seul membre, sectionné en deux.
L'Internationale Surplace est née tout naturellement de la dérive ambiante de l'année 2007.
L'Internationale Surplace justifie son existence dans le fait que la conception de l'avant-garde réside en la négation dialectique même de celle-ci.
Et, puisque l'avant-garde culturelle se doit d’être un front et que l'Internationale Surplace prône l'avant-garde sur tous les fronts, l'Internationale Surplace est un front.
Or, l'Internationale Surplace déclare que l'art n’a rien de révolutionnaire. Donc l'Internationale Surplace se veut être un front antirévolutionnaire, d’avant-garde circulaire.
C’est là la définition du Surplace érigée par les deux seuls et uniques membres.
L'Internationale Surplace est proclamée le 6 mai 2007, date de la ratification de ce manifeste.
L'Internationale Surplace durera jusqu’à l'éternité, sur place où elle est au moment où elle est.

 

Second et dernier manifeste :

Trinité

Il était trois heures. Le vent venait du nord et soulevait nos mèches. Nos mèches que nous accrochions normalement derrière l'oreille droite. Il me caressait comme il pouvait caresser un chat. Mais lui, il portait sa mèche derrière l'oreille gauche. Le vent venait des montagnes. Des forêts denses de sapins noirs que le soleil, parfois, rendait verts. D’autres arbres dont nous ne connaissions le nom avaient un éclat mauve. On pouvait se figurer le chalet d’Hitler dans les environs, caché derrière cette végétation. Assis sur un banc de la gare nous attendions le train. On avait voulu entamer une tablette de chocolat achetée hier au supermarché russe. On ne comprendra jamais pourquoi ici, l'armée allemande décida dans les années soixante de s’installer, puis invita l'armée française à faire de même. On ne comprendra jamais pourquoi, il n’y avait qu’un seul supermarché dans cette ville étroite, ce village du fond de la vallée, une grande épicerie russe parfaitement achalandée. Le chocolat était périmé depuis trois mois. On venait de le découvrir en cassant un carré, dans nos bouches un goût âcre à la fin, ou pas de goût du tout. Les russes du sud de l'Allemagne, du nord de la Suisse, de l'est de la France faisaient des kilomètres pour s’approvisionner et se mettre sur le bout de la langue des morceaux de leur Heimat. Déçu il avait laissé la tablette et son bel emballage avec une tête de fillette aux joues rouges et coiffée d’un fichu, sur le banc.
Le vent nous apporta le train. On lissa de nouveau de nos paumes nos raies sur le côté. Pas le même. Pourtant tous les chemins mènent à Rome et les trains allemands sont toujours à l'heure. On monta dans le wagon, où il était interdit de fumer.
            On ne comprit jamais pourquoi on se sentait si étrangers, ni pourquoi on s’aimait.
            Ensemble presque au même moment, on se remémorait la veille, on se souvenait des veilles, il m’avait embarqué dans ce foyer central des FFECSA, au café restaurant, il commanda des bières, on savait que c’était le début, qu’on n’arrêterait pas. De boire, de manger, de dormir et de respirer.
Trois jours après c’était pareil, on avait vu du pays, on se rappelait de tout. Anesthésiés par le souvenir des premières fois. Affolés quand les mains agrippaient le tronc ou les branches de l'épicéa et qu’il enduit de salive, pour bien enfoncer. D’un coup, le jean et la dentelle aux chevilles. Juste avant il regardait les cimes sans les voir tellement il les avait déjà vues, au milieu de cette clairière que nous avions trouvé pour se cacher, ses yeux perdus dans le ciel vague, ses pieds dans le sol humide et parfois encore enneigé, sa queue le mouvement de la terre.
            En nous vibrait l'appel des territoires et on fit exploser la réalité de l'endroit. Il n’y a qu’une chose à savoir, c’est qu’elle est ronde et qu’elle tourne autour du soleil.
            Et quand le soleil mourra, il sera trois heures et on ne comprendra toujours pas d’où on vient, mais où on va, oui.

Annexes :

L'Internationale Surplace est un groupe qui ne sera jamais un groupe.
Car l'erreur fondamentale du groupe est de se croire irremplaçable.
Le groupe n’est pas une somme mais un ensemble d’individualités qui avancent pour la liberté, la liberté du pouvoir vivre (ensemble) sans la nécessité du besoin d’un chef, surtout lorsque celui-ci prône le rassemblement autour de valeurs d’une souplesse éphémère mais utile qui rappellent celles du libéralisme, du faux communisme ou du nazisme (dans l'ordre de nos temps).
Parce que tout être humain est un rond,
parce que toute théorie ou croyance ne fait qu’accroître le brusque cercle de la vie en vue d’enfermer la pratique qui pourrait aider l'humanité.
Et parce que l'amour existe, la haine nous garantit l'éternel retour.
Ceci est une déclaration politique pour une vie meilleure au futur.

Également :

L'Internationale Surplace déclare que la face 1 de l'album musical de Laura Branigan intitulé « Self control » est un chef d’œuvre de la fin du 20ème siècle.
L'Internationale Surplace décrète que Madonna est la plus grande artiste de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème siècle. 
Cela est fondamental pour comprendre l'Internationale Surplace, pour la raison nécessaire et juste que Madonna ne tient pas en place.

 

A Hambourg, Allemagne, Europe, le 6 mai 2007,

le directoire de l'Internationale Surplace.